3 000 m2 réservés à une rétrospective de l’artiste Yoko Ono, c’est ce que proposait le musée d’art contemporain (MAC) de Lyon, du 9 mars au 10 juillet 2016. Cet événement intitulé «Lumière de l’aube», réunit sur 3 étages ses œuvres réalisées entre 1952 et 2016 et des créations inédites.
Yoko Ono
Née au Japon en 1933, Yoko Ono est une artiste expérimentale. Elle tire son inspiration et son pouvoir de l’imaginaire de son vécu. Elle est à la fois plasticienne, musicienne, chanteuse, vidéaste, poète, performeuse… Ses créations traitent le plus souvent de deux thèmes qui lui tiennent à cœur : la non-violence et la paix. Son combat contre les violences faites aux femmes et les guerres sont des sujets omniprésents dans cette exposition. Son style singulier pousse les visiteurs à participer, à écouter, et à imaginer les choses autrement tout au long de la visite.
Si vous cherchez une exposition pleine d’espoir, surprenante, sensorielle et engagée, Yoko Ono va vous ravir.
Lumière de l’aube
Dès l’accueil le visiteur est invité à participer. Entouré de carte du monde et de globe terrestre, de craies et de tampons « Imagine Peace », le visiteur peut « agir » sur le monde. Voici quelques-unes de ces œuvres visibles au MAC :
Doors
Cet installation est un labyrinthe de portes placées à la verticale. Ces dernières proviennent de l’immeuble au pied duquel l’amour de sa vie, John Lennon a été tué. Yoko Ono symbolise ici les épreuves de la vie que nous devons traverser pour avancer. A la fois poétique et profond, l’artiste transpose son vécu pour le faire partager au visiteur.
Ex-It (1997)
Dans une immense pièce sont disposés 100 arbustes fleuris (provenant du parc de la Tête d’Or), dans des « pots » en bois. Un fond sonore paisible accompagne le visiteur lors de la traversée de ce jardin. Après réflexion, on réalise que nous sommes entourés de cercueils de différentes tailles, d’où émergent des arbustes. Yoko Ono a symbolisé ici la mort et la résurrection, de manière imagée et sensible. La traversé prend alors un aspect différent, tout en gardant un côté apaisant.
We are all water (2006)
Disposé les uns à côté des autres, 118 flacons à moitié remplis d’eau sont placés à hauteur d’œil. Dessus le visiteur pour lire sur l’étiquette des noms de personnalités écrits à la main par l’artiste : Andy Warhol, Ernest Hemingway, Fidel Castro, Albert Einstein … Au premier coup d’œil, le visiteur se demande pourquoi des politiciens, des artistes, des tyrans, des philosophes… sont mis les uns à côté des autres. Quel est le rapport ? Par cette installation, Yoko Ono réaffirme ici (tout comme dans sa chanson « we are all water »), que « nous sommes tous de l’eau dans différents récipients ».
Cut Piece (1965)
Au milieu d’autres créations, deux films sont projetés aux murs. Tous deux présentent la même performance réalisée à des moments différents ; la première en 1965, et la seconde 2003. La mise en scène est la même, Yoko Ono arrive sur scène vêtue de noir, se positionne au centre et s’assoit face au public dans une posture typique des femmes japonaises. Une paire de ciseaux est placée à côté d’elle. Les spectateurs sont invités à devenir acteurs en venant découpés un morceau du vêtement de la performeuse. Cette dernière reste immobile autant que possible, pendant que son corps est petit à petit dévoilé. L’artiste choisit quand elle le souhaite d’arrêter la performance.
En regardant ces vidéos, un sentiment de malaise, se fait sentir chez les spectateurs, mais également d’admiration envers la performeuse qui dégage une force tout au long de l’exercice. Ici Yoko Ono veut interpeller les gens sur la place de la femme dans la société. Elle dénonce la vulnérabilité de la femme au travers de son corps immobile malgré les « agressions » (découpes de tissu). Elle pousse le spectateur/acteur à s’interroger sur la domination sociale de l’homme sur la femme.
Yoko Ono nous pousse à voir les choses d’une autre façon au travers de ses grandes installations et ses instructions. Le visiteur est mis au cœur de cette exposition. Il est amené à interagir, réfléchir et écouter. Il découvre l’univers d’une performeuse au travers une rétrospective non chronologique, qui joue entre idéologie et poésie.